Gordon Matta-Clark : Open House - Résumé structuré à partir de :

gordon-matta-clark-open-house-essay

L’artiste et son parcours (1943-1978)

Formation hybride :

  • Fils du peintre surréaliste Roberto Matta et filleul de Duchamp
  • Études d’architecture à Cornell (1962-1968), époque de rigueur théorique
  • Tension avec l’orthodoxie architecturale dominante (critique de l’interprétation américaine de Le Corbusier)
  • Participation à Earth Art (1969), collaboration avec Smithson, Haake, Oppenheim
  • Décès prématuré à 35 ans (cancer du pancréas)

Deux trajectoires entrelacées

1. Déconstruction architecturale (Building Dissections)

  • Interventions sur structures abandonnées/condamnées
  • Splitting (1974) : maison de banlieue fendue en deux
  • Bingo Ninths (1974) : exploration géométrique temporelle
  • Conical Intersect (1975), Day’s End (1975) : œuvres monumentales
  • Méthode : découpes, perçages, révélation de l’intérieur

2. Reconstitution sociale (espaces sans “bâtiments”)

  • Tree Dance (1971) : espace interstitiel comme lieu de convivialité
  • Open House (1972) : détritus transformés en abri
  • Food (1971) : projet gastronomique collaboratif à Soho

Cadre conceptuel : Anarchitecture (1973)

Manifeste :

“UNE RÉPONSE À LA CONCEPTION COSMÉTIQUE
ACHÈVEMENT PAR L’ENLÈVEMENT
ACHÈVEMENT PAR L’EFFONDREMENT
ACHÈVEMENT PAR LE VIDE”

Principes :

  • “Créer de l’espace sans le construire”
  • Non-architecture vs vocabulaire établi
  • Critique de l’obsession pour l’apparence/fonctionnalité
  • Rejet des plans préconçus : “Il existe des formes sans plans”

Résonances théoriques

Hétérotopies foucaldiennes :

  • Espaces “où je suis et où je ne suis pas”
  • “Transformations carnavalesques de l’existence ordinaire”
  • Lieux qui contestent l’espace normé

Parallèles avec pratiques utopiques :

  • Superstudio (critique architecturale)
  • Yona Friedman (Ville spatiale modulaire)
  • Précurseur de l’esthétique relationnelle
  • Atelier Bow-Wow (“espace public → espace social”)

Méthode et ontologie

Processus vs produit :

“Je considère mon travail comme intimement lié au processus, comme une forme de théâtre […] J’intègre une interprétation libre du mouvement en tant que geste, à la fois métaphorique, sculptural et social.”

Dessins : Non pas plans, mais modèles énergétiques

  • Graphite, feutre, couleurs vives
  • Style rudimentaire, “comme occupé à autre chose”
  • Manifestations d’énergie plutôt que prescriptions

Convergence finale (inachevée)

Projet évoqué en 1976 :

“Travailler avec un groupe de jeunes du quartier et les impliquer dans la conversion des bâtiments abandonnés en espace social […] acquérir une expérience directe de la possibilité très réelle de transformer leur espace.”

Les deux trajectoires (déconstruction + reconstitution sociale) commençaient à fusionner au moment de sa mort.


Ce qui résonne

1. L’ambiguïté structurelle

“C’est cette qualité que je cherche à créer […] un processus de transformation vigoureux qui commence à redéfinir le donné.”

2. Geste comme intervention Matta-Clark : “mouvement en tant que geste, à la fois métaphorique, sculptural et social” → gestosphère : le geste n’est pas dans l’espace, il fait l’espace

3. Performance vs représentation “L’activité de travail […] constitue la performance” → approche énactive : la connaissance s’actualise dans l’action, pas avant

4. Espaces interstitiels Tree Dance dans les “between spaces” → affordances, “milieu associé”

Matta-Clark créait des situations où les corps devaient découvrir de nouvelles possibilités spatiales plutôt que recevoir des instructions. L’espace coupé = espace qui coupe nos habitudes perceptives.