Bienvenue, welcome dans cet espace en jachère
🌿 Ce jardin pousse : pour voir comment il s’est ramifié, consultez le Rhizome.
🌱 ==Donner de l’attention (attendere : tendre vers), c’est prendre soin, attiser un feu — nourrir ce qui brûle sans consumer==.
— ---- — ---- Faisons rapidement quelques pas ensemble --- --- - --- 🌳— _--- — - —🌳 __.
Garden-Gester est le jardin public à l'orée d'une forêt beaucoup plus grande et un tout petit peu plus sauvage 🌵 , My wonderful big jumble qui prospère grâce à Obsidian.
J’ai essayé de rendre Garden-Gester autant que possible praticable. Je crois comprendre, que nous avons (chacun.e d’entre nous) des façons très singulières de faire corps avec l’inconfort du sens. ICI j’évoque surtout des bout de pensées plus ou moins germées sur le concept de GESTE et ses nombreuses implications et ramifications.
Je crois que la façon la plus simple (mais pas la moins complexe) d’aborder la chose quand on parle de geste, c’est de commencer par le fait que :
➫ Le Geste n’est pas ce que l’on fait, mais ce par quoi il donne…
( si vous souhaitez approfondir ou éclaircir, je vous invite à survoler geste ou donne au dessus )
Allons-y pas à pas, mais faisons un saut__ et poursuivons par :
➫ un geste n’est pas un mouvement que l’on exécute mais une organisation qui émerge
comme l’équilibre : on ne le “tient” pas, on l’habite.
et ensuite ?
➫ un geste est ce par quoi un monde se donne, transitif.
Nous avons déjà fait un bout de chemin ---- — - - --- ---- ---- --- prenons quelques instants
Finalement, pour ressaisir ce qui précède, nous pourrions le prolonger par une question. Qui est auteur du geste ?
Que ce soit Berstein, F.M ALexander ou A.Bullinger, ( pour ne citer qu’eux ) tous trois ont buté sur les limites du modèle commande-contrôle :
- Bernstein depuis la physiologie soviétique et le réflexe conditionné pavlovien
- Alexander depuis l’introspection pratique (pragmatisme) et la pédagogie
- Bullinger depuis la psychologie du développement
—> Ils pointent vers cette même énigme : comment quelque chose de stable peut-il émerger sans être contrôlé ? Sans un agent contrôleur ? Et quelles sont les implications pratiques, pédagogiques et éthiques.
Ce jardin explore ces question à travers :
- ➫ La pédagogie énactive : une approche où le geste et son sens se construit en arpentant.
- ➫ Le groupe comme ressource : non pas obstacle (concurrence), mais amplificateur de variabilité. Chaque différence est une information. L’apprentissage différentiel contre la pédagogie répétitive.
- ➫ La friche comme commun : les espaces non-planifiés, accessibles, auto-organisés comme infrastructures éducatives invisibles. Là où la variabilité peut se déployer. Là où l’attention devient exploratoire, pas captive.
Trois chemins se croisent
En première personne : l’expérience vécue, le sentir kinesthésique, ce qui se révèle dans l’attention portée à soi-même. Quelle est la “nature” de ce geste ? Car il s’agit bien d’un geste et comme tout geste, il produit ses effets. Quels sont-ils sur notre organisation, lorsque nous cessons de “faire” et commençons à “permettre” ?
En deuxième personne : la relation pédagogique, le toucher comme langage, la co-émergence du geste dans l’accompagnement. L’enseignant qui encompagne, oriente sans imposer, qui “design” des affordances - spatiales, tactiles, verbales - plutôt qu’il n’éructe des instructions (même si cela n’existe plus).
En troisième personne : la théorisation, les concepts, les modèles scientifiques qui tentent de saisir ce qui, par nature, échappe à la saisie. Les neurosciences, la phénoménologie, les théories de l’énaction qui convergent vers une compréhension du vivant comme processus émergent.
Ces trois perspectives ne s’opposent pas. Elles s’entrelacent, se nourrissent, révèlent chacune ce que les autres laissent dans l’ombre.
Plusieurs auteurs soutiennent que l’étude de l’expérience requiert une articulation rigoureuse de ces trois perspectives plutôt qu’une opposition simpliste entre subjectif (1P) et objectif (3P).
Les débats actuels portent notamment sur la manière d’intégrer des descriptions de première et de deuxième personne dans des protocoles de recherche en troisième personne sans réduire l’expérience vécue à ses corrélats observables.
Deux régimes de vérité
Ce jardin n’ambitionne pas la vérité de la réalité — celle qui se fonde sur l’opposition vrai/faux, qui cherche la certitude par la démonstration, qui renforce le vrai en détruisant le faux. Cette vérité-là est essentielle dans bien des domaines (la science, le droit, la technique), mais elle n’épuise pas ce qui peut être dit de juste sur l’expérience vécue.
Ici, nous arpentons plutôt la vérité du réel — celle où “tout est vrai”. Non pas que tout se vaut, mais que même l’illusion est réelle, même l’erreur enseigne, car faisant partie d’un certain régime de vécu. Cette vérité-là n’est pas celle de la contradiction (soit vrai, soit faux), mais celle de la cohérence, de la correspondance, de la connivence — ce clin d’œil où quelque chose passe, où ça “fait sens” sans nécessairement pouvoir être démontré.
Quand Héraclite écrit dans son fragment 65 “c’est jour-nuit, fin-satiété, blanc-noir”, cette proposition n’a pas de sens dans le régime de la réalité (jour ou nuit, pas les deux). Mais curieusement, lorsqu’on l’entend, c’est cohérent. Ça dit quelque chose de la nature du mouvement, du devenir, de l’expérience vécue.
De même, quand nous disons qu’un geste “émerge” plutôt qu’il ne s’exécute, que le corps et l’environnement forment un système indissociable, que l’apprentissage n’est pas transmission mais émergence d’affordances — ces propositions peuvent sembler paradoxales dans une logique stricte (si ça émerge, qui agit ? si c’est un système, où commence le corps ?).
Mais elles sont cohérentes avec l’expérience. Elles font un clin d’œil à ce que nous ressentons déjà, confusément peut-être, quand nous apprenons, quand nous bougeons, quand un geste se donne.
Ce jardin cultive cette vérité de cohérence : pas de démonstration définitive, mais des propositions qui résonnent et ouvrent des possibilités de sentir et d’agir autrement.
Un jardin ne se survole pas
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Dans la conception japonaise du jardin zen, il n’existe pas de point de vue qui permettrait d’embrasser l’ensemble d’un regard. Le jardin se découvre en arpentant. Chaque pas révèle non seulement une composition nouvelle, un nouvel angle de vue, un nouvel assemblage, mais bien plus encore, il se donne par le mouvement même de sa découverte, qui demande de ne pas en épuiser le sens. Récursivité : le sens du jardin naît du geste qui le cherche, et qui à son tour reconfigure ce qui peut être cherché. La beauté échappe au regard qui surplombe, elle excède dans l’expérience du parcours, dans sa caresse. Ce site fonctionne de la même manière. Il n’y a pas de “début” à connaître avant de passer à la “suite”. Les textes sont reliés, des occurrences qui suivent les associations conceptuelles plutôt qu’un ordre linéaire. Un mot souligné vous mènera vers son développement théorique, une référence vous ouvrira vers une exploration parallèle.
Cette page elle-même est vivante. Elle se transforme au fur et à mesure de vos passages et de mes propres boucles de compréhension. Il n’y a pas de menu définitif qui cartographierait un territoire stable - plutôt des possibilités de trajets qui se reconfigurent selon ce que chaque arpentage révèle.
Vous pouvez revenir ici entre deux explorations, repartir par un autre chemin, et constater que certaines formulations se sont précisées, que de nouveaux liens sont apparus, traverser le jardin pour un autre espace. Le jardin s’éclaire progressivement non pas parce qu’on en dévoilerait la structure cachée, mais parce que chaque parcours participe à son actualisation.
De la même façon, dans l’apprentissage du geste, on ne découvre pas une forme préexistante, on la fait émerger en l’explorant.
Invitation
Les textes que vous trouverez ici sont en évolution permanente. Certains sont des ébauches, d’autres des synthèses plus abouties. Tous sont des tentatives pour articuler ce qui résiste à l’articulation : comment le corps apprend, comment le geste s’organise, comment la conscience se déploie dans l’action.
Suivez vos curiosités. Laissez-vous porter par les liens. Revenez par d'autres chemins. Le jardin se donne, différemment à chaque parcours.